Né à Bordeaux le 15/03/1984 Diplômé de l’école des Beaux arts de Bordeaux en 2009 (DNAP), où il vit et mène, en parallèle, une activité de plasticien et d’enseignement.
«Ma démarche revient à concevoir des œuvres qui vont répondre à des problématiques artistiques contemporaines (statut des œuvres à l’ère du numérique, la notion d’esthétique, la diffusion de l’art…) tout en portant un regard sur des questions sociétales (répercussion des actions humaines, questions environnementales, relations au vivant, liens à la Culture…)»
Dans une société de l’image, où celles-ci abondent, l’artiste doit se différencier pour émerger du flot visuel continu auquel tout un chacun est confronté. Le terme de flux est préférable, plus précis, il englobe deux notions différentes, d’une part l’idée de mouvement constant et, d’autre part, sous entend une notion d’abondance, de profusion. Artistiquement l’idée de flux d’images peut renvoyer à la diffusion de l’art au cours de l’Histoire (transportabilité des œuvres, naissance de la photographie, reproductibilité et multiplication des images…) jusqu'à l’apparition de la vidéo, assimilable à un flux photographique. Les conséquences de ces apports techniques sur la perception des œuvres et dans l’apparition de nouvelles pratiques artistiques sont profondes. Aujourd’hui, nous baignons dans un flux continuel d’images quotidiennement, à travers les medias (tv, presse), la publicité (à même la rue), internet et les réseaux sociaux, dont la plupart ne sont plus choisis mais imposés. Mes travaux mettent en perspective ces problématiques d’abondance et de diffusion des images (à travers la décision de travailler l’image fixe, la représentation, la matérialité des œuvres, et leurs conditions de monstration…)
Mais comment l’image artistique peut-elle émerger, se différencier de ce flux journalier ? Quelle doit être sa spécificité et peut elle encore en avoir une ? Pour répondre à ces problématiques, il est nécessaire qu’elle retrouve une «aura» telle que l’envisageait Walter Benjamin.
C'est-à-dire que l’œuvre d’art doit se différencier de sa propre image, et ne pas se résumer uniquement à sa représentation. C’est d’autant plus problématique dans le cas d’œuvres reproductibles, comment faire en sorte qu’une photographie présentée dans le cadre d’une exposition se démarque de sa version numérique diffusable sur internet ? Pour répondre à ces problématiques je conçois mes travaux comme une rencontre entre le public et l’œuvre, une expérience. Dans le cas des fresques numériques, ces travaux sont facilement diffusables via des écrans (internet) ou imprimables dans des formats conséquents mais ils ont été conçus pour être monumentaux, ainsi ils prennent leur pleine dimension, d’innombrables éléments, indiscernables à échelle réduite, apparaissent et toute la richesse de ces pièces peut être entrevue. Une expérience immersive est alors proposée aux spectateurs. De cette manière, appréhender l’œuvre réellement et non sa représentation est, pour le spectateur, une expérience atypique et non substituable. Ainsi je parviens à redonner cette «aura» à des œuvres contemporaines. Par ce positionnement je m’affranchis de maitriser la diffusion de mes travaux (via internet notamment) en définitive ce qui circule n’est pas l’œuvre, cela n’a pas de valeur et peut appartenir au flux visuel quotidien. Cependant cette représentation peut être un moyen pour le public d’accéder à l’œuvre en suscitant son attention, pour se faire je m’appuie sur l’esthétisme.
C’est un fait, on vit une époque de l’esthétisation, celle ci est présente dans tous les domaines au point que l’art semble se diluer, comme le décrit Y.Michaud. L’esthétique compris comme la transmission de sensations (agréables ou non) n’est plus le privilège de l’art, cela se généralise (publicité, marketing, presse, design…) et ne suffit plus pour définir ce qui relève uniquement du champ artistique. Si l’esthétique est utilisée dans tous les domaines, ce n’est pas anodin, c’est une façon efficiente de susciter l’intérêt du public (conférer un certain plaisir afin de lui vendre un moyen de l’atteindre). Je pense que l’art ne peut pas se soustraire à ce phénomène, tout comme, historiquement il a outrepassé de profondes remises en question (conséquences de l’apparition de la photographie sur la peinture par exemple) il doit intégrer cela. Ainsi, mes travaux provoquent un choc esthétique qui nait de la richesse des compositions, de leur complexité (accentué par leur monumentalité dans le cas de l’œuvre elle-même), brouillant leur lisibilité immédiate.
C’est un moyen de séduire le spectateur, de l’arracher aux flux d’images, à ce moment précis, c’est à lui de s’approprier l’œuvre en allant à sa rencontre. L’esthétique permet d’éveiller l’envie d’expérience artistique du public. Cette expérience esthétique, qui tend à une certaine universalité (le fait d’éprouver une émotion) rend l’œuvre potentiellement accessible au plus grand nombre cependant la finalité de ces images n’est pas exclusivement esthétique. Plusieurs niveaux de lecture sont discernables dans mes travaux, souvent parsemés de références empruntées à l’histoire des Arts (Architecture, Peinture, Art Contemporain), aux Cultures Populaires (Bd, Tatouage) dressant ainsi un panorama de mes influences acquises tant dans mon cursus universitaire (Histoire des arts), qu’au cours de mes voyages. Une grande importance est accordée aux différentes étapes du processus de création dans le but de créer du sens, chaque élément constitutif est soigneusement choisi pour sa signification, que ce soit les lieux de prises de vue des photographies ou l’origine et la provenance des matériaux des sculptures.
L’axe de recherche qui traverse l’ensemble de ma pratique, c’est l’organique. En premier lieu, cela se réfère aux organes, aux tissus vivants, à la chair et au corps. Le dessin qui reste la base de mon travail quelque soit le médium, après 10 ans de pratique en atelier, a fait émerger un questionnement autour de ce sujet classique. D’abord esthétique puis, suite à ma formation aux Beaux arts, j’ai mis en relation ces interrogations vis a vis de problématiques modernes et contemporaines (évolution de la représentation du Corps dans l’art, Corps comme sujet, comme œuvre ou en action…). Pour arriver à me demander comment réinvestir, aujourd’hui, ce sujet éculé? C’est la collision entre ma pratique du dessin et la découverte de la photographie (comme pratique), qui va me pousser à entrevoir ce corps chair différemment. L’action de decontextualisation de l’image, la perte de vue du sujet, permet d’opérer un « déclassement » de l’objet en lui faisant perdre sa fonction. Ce déclassement, amène à l’Informe tel que le définit G.Bataille, ce processus abolît les dualités (le beau/le laid, le noble/l’ignoble, le réel/fictif…). Dans un second temps le terme organique renvoie à une structure, à un agencement, composant un organisme. Cette idée d’organique qui s’oppose sémantiquement, au terme fonctionnel, renvoie au Corps sans Organes (CsO) développé par G.Deleuze qui réfute toute notion d’organisation, appliqué au corps chair, étendable au corps social, à la porosité réel et fiction. Enfin le terme organique sous entend à la fois l’idée de vivant, d’autonomie, de développement, de propagation, d’étalement, et d’envahissement. Or toute ces notions sont contenues dans mes travaux, de manière formelle dans la composition même des œuvres, dans les éléments ou les textures utilisées. Mais surtout, dans la structuration de ma pratique, j’alterne les techniques, mes œuvres se répondent entre elles quelques soit le médium, les thèmes abordés se recoupent, tout est intrinsèquement lié. L’organique est cet élément prépondérant et fédérateur comme une sorte d’entité biologique indéfinissable qui s’éparpille et contamine l’ensemble de mes travaux. L’informe émerge, s’accapare mon travail, s’intègre et s’insinue dans le réel ou du moins ce qu’il en reste. De la sorte, mon travail revêt un aspect, étrange et inquiétant qui découle de cette réflexion autour de l’idée d’informe, de déformation, d’altération et dans sa mise en œuvre (relation entre la représentation et le support ou sa présentation). Cela fait écho au concept d’inquiétante étrangeté mise en œuvre par H.Bellmer, auparavant formalisé par Freud sous le terme « Unheimliche » que l’on pourrait résumer par le fait de ressentir une sensation étrange, dérangeante voire effrayante face à quelque chose de familier (« quand la frontière entre fantaisie et réalité se trouve effacée, quand se présente à nous comme réel quelque chose que nous avions considéré jusque là comme fantastique, quand un symbole revêt toute l’efficience et toute la signification du symbolisé, et d’autres choses du même genre », S.Freud ).
Born in Bordeaux on 15/03/1984 Graduated from the School of Fine Arts of Bordeaux in 2009 (DNAP), where he lives and leads, in parallel, an activity of visual artist and teaching.
"My approach is to design works that will respond to contemporary artistic issues (status of works in the digital period, the notion of aesthetics, the dissemination of art ...) while looking at societal issues (impact of human actions, environmental issues, relationships to living, links to culture ...)."
In a society of the image, the artist must differentiate himself to emerge from the continuous visual flow to which everyone is confronted. The term of flow is preferable, more precise, it includes two different concepts, on the one hand the idea of constant movement and, on the other hand, under hears a concept of abundance, of profusion. Artistically, the idea of a flow of images can refer to the diffusion of art throughout history (transportability of artworks, birth of photography, reproducibility and multiplication of images...) until the appearance of video, which can be compared to a photographic flow. The consequences of these technical contributions on the perception of the works and in the appearance of new artistic practices are deep. Today, we are in a continuous flow of images daily, through the media (TV, press), advertising (even in the street), internet and social networks, most of which are no longer chosen but imposed. My work puts into perspective these issues of abundance and dissemination of images (through the decision to work the still image, representation, materiality of works, and their conditions of display ...)
But how can the artistic image emerge, differentiate itself from this daily flow? What must be its specificity and can it still have one? To answer these problems, it is necessary that it finds an "aura" such as envisaged by Walter Benjamin.
The artwork must differentiate itself from its own image, and not be reduced only to its representation. This is all the more problematic in the case of reproducible works, how to make a photograph presented in an exhibition stand out from its digital version that can be diffused on the internet? To answer these problems I conceive my works as an encounter between the public and the artwork, an experience. In the case of the digital "frescoes"(giant digital pictures), these works are easily diffusable via screens (internet) or printable in consequent formats but they were conceived to be monumental, thus they take their full dimension, innumerable elements, indiscernible on a reduced scale, appear and all the richness of these pieces can be glimpsed. An immersive experience is then proposed to the spectators. In this way, to apprehend the work really and not its representation is, for the spectator, an atypical and not substitutable experience. Thus I manage to give this "aura" to contemporary works. By this positioning I free myself from mastering the diffusion of my works (via internet in particular) in the end what circulates is not the work, it has no value and can belong to the daily visual flow. However this representation can be a means for the public to reach the work by arousing its attention, to do this I rely on aestheticism.
It is a fact, we live a time of aesthetization, this one is present in all the domains to the point that the art seems to be diluted, as describes it Y.Michaud. Aesthetics understood as the transmission of sensations (pleasant or not) is no longer the privilege of art, it is generalized (advertising, marketing, press, design...) and is no longer sufficient to define what is only in the artistic field. If the aesthetic is used in all the fields, it is not insignificant, it is an efficient way to arouse the interest of the public (to confer a certain pleasure in order to sell him a means to reach it). I think that the art cannot escape this phenomenon, just as, historically it overcame deep questionings (consequences of the appearance of the photography on the painting for example) it must integrate that. Thus, my works provoke an aesthetic shock which is born of the richness of the compositions, of their complexity (accentuated by their monumentality in the case of the work itself), blurring their immediate legibility.
It is a way to seduce the spectator, to tear him away from the flow of images, at this precise moment, it is up to him to appropriate the work by going to meet it. The aesthetic allows to awaken the desire of artistic experience of the public. This aesthetic experience, which tends to a certain universality (the fact of feeling an emotion) makes the work potentially accessible to the greatest number however the finality of these images is not exclusively aesthetic. Several levels of reading are discernible in my work, often interspersed with references borrowed from the history of the Arts (Architecture, Painting, Contemporary Art), Popular Cultures (Comics, Tattoo) thus drawing up a panorama of my influences acquired both in my university course (History of the Arts), and during my travels. Great importance is given to the different stages of the creation process in order to create meaning, each constituent element is carefully chosen for its significance, whether it is the places where the photographs were taken or the origin and provenance of the materials of the sculptures.
The axis of research that runs through the whole of my practice is the organic. In the first place, this refers to organs, living tissue, flesh and the body. The drawing which remains the base of my work whatever the medium, after 10 years of practice in workshop, made emerge a questioning around this traditional subject. At first aesthetic, then, following my training at the Beaux Arts, I put in relation these questions to modern and contemporary issues (evolution of the representation of the body in art, body as a subject, as a work or in action ...). To arrive at asking myself how to reinvest, today, this hackneyed subject? It is the collision between my practice of drawing and the discovery of photography (as a practice), which will push me to glimpse this flesh body differently. The action of decontextualization of the image, the loss of sight of the subject, makes it possible to operate a "downgrading" of the object by making it lose its function. This downgrading, brings to the Informe such as defines it G.Bataille, this process abolished the dualities (the beautiful/the ugly, the noble/the ignoble, the real/fictive...). In a second time the term organic refers to a structure, to an arrangement, composing an organism. This idea of organic which is opposed semantically, to the functional term, refers to the Body without Organs (CsO) developed by G.Deleuze which refutes any notion of organization, applied to the body flesh, extendable to the social body, to the porosity real and fiction. Finally, the term organic implies at the same time the idea of living, autonomy, development, propagation, spreading, and invasion. Now all these notions are contained in my works, in a formal way in the very composition of the works, in the elements or the textures used. But above all, in the structuring of my practice, I alternate techniques, my works respond to each other, whatever the medium, the themes overlap, everything is intrinsically linked. The organic is this preponderant and federating element like a kind of indefinable biological entity which scatters and contaminates the whole of my work. The formless emerges, takes over my work, integrates and insinuates itself into the real or at least what remains of it. In this way, my work takes on a strange and disturbing aspect that stems from this reflection on the idea of formlessness, deformation, alteration and in its implementation (relationship between the representation and the support or its presentation). This echoes the concept of disturbing strangeness implemented by H. Bellmer, previously formalized by Freud under the term "Unheimliche" that we could summarize by the fact of feeling a strange sensation, disturbing even frightening in front of something familiar ("when the border between fantasy and reality is erased, when is presented to us as real something that we had considered until then as fantastic, when a symbol takes all the efficiency and all the significance of the symbolized, and other things of the same kind", S.Freud).